POURQUOI LES EMPLOIS
DU FUTUR NE SERONT PAS
RESSENTIS COMME DU TRAVAIL ?

double flèche vers le bas

Beaucoup de gens s'inquiètent, à juste titre, du fait que notre technologie soit si avancée que nous soyons en route vers un avenir sans travail.

Je pense que l'exemple d'un véhicule autonome est en fait le plus parlant. Ces voitures seront fantastiques, et ce pour tout un tas de raisons.

Mais saviez-vous que « chauffeur » est le métier le plus répandu dans 29 des 50 États américains ?
Qu'arrivera-t-il à ces emplois, quand nous ne conduirons plus, ne cuisinerons plus, ou même ne détecterons plus nos maladies ?

LE DEFICITE DE L'EMPLOI



Une récente étude de Forrester Research va jusqu'à prédire que 25 millions d'emplois pourraient disparaître d'ici 10 ans. Pour vous faire une idée, c'est 3 fois le nombre d'emplois perdus suite à la crise financière de 2008.

Et ça ne concerne pas que les travailleurs manuels. À Wall Street et dans la Silicon Valley, on constate d'énormes progrès dans l'analyse et la prise de décision, grâce au « machine learning ». Donc même les gens les plus intelligents et les mieux payés seront touchés.

schema du deficite

UN REVENU DE BASE ?



Ce qui est sûr, c'est que, quel que soit votre métier, au moins une partie de votre travail sera effectuée par un robot ou un logiciel dans les prochaines années. Et c'est pourquoi des gens comme Mark Zuckerberg ou Bill Gates parlent du besoin d'un revenu de base financé par le gouvernement.

Mais si nos politiciens s'opposent sur des sujets comme la santé, ou les cantines scolaires, je ne pense pas qu'ils puissent se mettre d'accord sur quelque chose d'aussi important et coûteux que le revenu de base.

Je pense que les réponses doivent venir de notre côté, celui de l'industrie. Nous devons reconnaître le changement qui se prépare et concevoir de nouveaux métiers, qui seront toujours pertinents à l'âge de la robotique.

LES DEUX DERNIERES EXTINCTIONS D'EMPLOIS



La bonne nouvelle, c'est que nous avons déjà affronté deux extinctions massives d'emplois par le passé. De 1870 à 1970, le nombre d'Américains travaillant dans une ferme a baissé de 90%, et, de la même manière, de 1950 à 2010, le nombre d'Américains travaillant à l'usine a baissé de 75%.

Mais le défi qui nous attend, cette fois, c'est le temps. Nous avons eu cent ans pour passer des fermes aux usines, puis 60 ans pour bâtir une économie de services.
Les changements actuels indiquent que nous n'aurons que 10 ou 15 ans pour nous adapter, et si on ne réagit pas assez vite, c'est-à-dire avant que les élèves de primaire d'aujourd'hui soient en âge d'aller à l'université, nous pourrions vivre dans un monde robotisé, largement sans travail et bloqué dans une sorte de Grande Dépression.

statistique de transition de l'empoi : le nombre d'Américains travaillant dans une ferme a baissé de 90%, le nombre d'Américains travaillant à l'usine a baissé de 75%

Changer la nature du travail



Mais je ne pense pas qu'il doit en être ainsi. Je travaille dans l'innovation, et mon travail est de façonner l'usage que les grandes boîtes font de la technologie. Certaines de ces technologies sont même spécialement conçues pour remplacer les humains.

Mais je crois que si l'on commence dès à présent à œuvrer pour changer la nature du travail, non seulement on pourra créer des lieux où les gens aimeront venir travailler, mais aussi amener l'innovation nécessaire pour remplacer les millions d'emplois qui seront perdus.

Je pense que la clé pour nous éviter un futur sans emplois, consiste à redécouvrir ce qui nous rend humains et à créer une nouvelle génération d'emplois pour les humains, qui permettent de révéler les talents et les passions que nous portons en nous.

engrenage du haut du bloc

L’origine du problème : la formalisation du travail



Je pense qu'il faut admettre que nous avons créé ce problème nous-mêmes.
Ce n'est pas juste parce que nous sommes les constructeurs de ces robots. Bien que la plupart des emplois l'aient quitté il y a des décennies, nous gardons cet état d'esprit d'usine, de standardisation et de déqualification.

Nos emplois sont encore définis comme des tâches, et les gens payés pour le nombre d'heures passées à remplir ces tâches. Nous avons créé des définitions strictes, comme caissier, gestionnaire de prêt ou chauffeur de taxi, puis demandé à des gens de faire une carrière entière autour de ces tâches uniques.

Les conséquences de la formalisation



Nos choix ont en fait deux effets secondaires dangereux.
Le premier est que ces emplois étroitement définis seront les premiers à être remplacés par des robots, car les robots monotâches sont les plus faciles à construire.

Mais deuxièmement, nous avons accidentellement fait que des millions d'employés dans le monde ont une vie professionnelle follement ennuyeuse.

travailleur fatigué en art minimaliste

Prenons l'exemple d'un agent de call-center. Nous avons pu nous vanter de coûts d'exploitation réduits car nous avons pris l'essentiel de l'intelligence de la personne et l'avons donnée au système.

La plupart du temps, ils cliquent sur des écrans et lisent des scripts. Ils agissent plus comme des machines que des humains.

Malheureusement, dans les prochaines années, au fil des progrès technologiques, ces agents, tout comme les commis et comptables, vont voir la majorité de leur travail disparaître.

Le fond du problème

Pour parer à cela, nous devons créer de nouveaux emplois, qui soient moins centrés sur les tâches accomplies, et plus axés sur les compétences qu'une personne apporte. Les robots sont certes doués pour les tâches simples et répétitives, mais les humains ont la capacité géniale d'associer compétences et créativité lorsqu'ils font face à des problèmes nouveaux.
Quand chaque jour apporte son lot de surprises, le travail est destiné aux humains, et pas aux robots.
Nos entrepreneurs et ingénieurs vivent déjà ce quotidien, mais c'est pareil pour nos infirmières, nos plombiers, et nos thérapeutes. Vous savez, trop d'entreprises et organisations se contentent de demander aux gens de venir travailler, et juste faire leur travail.

Mais si un robot travaille mieux que vous, ou qu'une I.A. prend de meilleures décisions que vous,
qu'êtes-vous censé faire ?

Eh bien, je pense qu'en tant que managers, nous devons réfléchir de façon réaliste aux tâches qui disparaîtront dans les années à venir, et élaborer des emplois plus utiles, et avec plus de sens, pour les remplacer. Il nous faut créer des lieux où êtres humains et robots prospèrent. Donnons plus de travail aux robots, et commençons par leur donner le travail qu'on déteste faire !

Hey, robot, occupe-toi de ce rapport à la noix !

Et déplace cette boîte, merci.

manager pensive art minimaliste

Le potentiel humain



Nous devrions suivre le conseil de Harry Davis, de l'Université de Chicago. Il dit qu'il faut tâcher à que les gens ne laissent pas trop d'eux-mêmes à l'arrière de leur voiture. Je veux dire, les humains sont géniaux pendant le week-end !

Pensez aux gens que vous connaissez, et à ce qu'ils font le samedi. Ils sont artistes, menuisiers, cuisiniers et athlètes. Mais sitôt lundi arrivé, ils redeviennent « spécialiste RH junior » et « analyste système de niveau 3 ».

Non seulement ces intitulés d'emploi étriqués ont l'air ennuyeux, mais ils sont aussi une subtile incitation à ne fournir qu'un effort minimal. Mais j'ai observé que, si vous incitez les gens à être plus, vous serez surpris par tout ce qu'ils sont de plus.

L’expérience sociale

Jadis, je travaillais dans une grande banque qui voulait ajouter de l'innovation à sa culture d'entreprise. Avec mon équipe, nous avons conçu un faux concours qui invitait tout le monde à construire ce qu'il voulait.
Nous voulions en fait déterminer si la principale limite à l'innovation était le manque d'idées ou le manque de talent, et en fait, ce n'était aucun des deux. C'était un problème d'émancipation. Les résultats du programme furent stupéfiants.

Nous avons demandé aux gens de visualiser à nouveau ce qu'ils pouvaient apporter à une équipe. Ce concours n'était pas seulement la chance de construire ce que vous vouliez, mais aussi d'être ce que vous vouliez.
Et comme les gens n'étaient plus limités par leurs titres, ils se sentaient libres d'apporter plein de compétences différentes face aux problèmes qu'ils essayaient de résoudre.
Nous avons vu des geeks devenir designers, des gens du marketing architectes, et même des financiers se vantant de leur talent pour les blagues.

En route pour construir l’avenir ensemble !


L'expérience a été répétée, et à chaque fois, plus de 400 personnes apportèrent leurs compétences et ont réglé des soucis qu'elles voulaient régler depuis longtemps.
Ensemble, ils ont créé des millions de dollars de valeur, en construisant des choses comme un meilleur clavier pour les call centers, des outils de bureau plus simples, et même des cartes disant merci, qui sont désormais au centre de l'expérience de travail des employés. Au cours des huit semaines, les gens ont fait des choses qu'ils pensaient ne jamais faire au travail. Ils ont développé des aptitudes, rencontré de nouvelles personnes, et à la fin, quelqu'un m'a pris à part et m'a dit :

« Je dois vous dire, les dernières semaines comptent parmi les plus intenses, les plus dures de toute ma vie professionnelle, mais jamais je n'ai eu le sentiment de travailler. »

Et c'est là qu'est la clé.
Pour quelques semaines, ces gens purent être créateurs et innovateurs.
Ils rêvaient de solutions à des problèmes qui les agaçaient depuis des années,
et il y avait là une chance de rendre ces rêves réalité.
Ce sont ces rêves, entre autres, qui nous distinguent des machines.
Pour l'instant, nos machines ne sont jamais frustrées, elles ne s'énervent pas, et elles n'ont certainement pas d'imagination.

Notre plus grande force c’est notre humanité !



Mais nous, en tant qu'êtres humains, ressentons la douleur, nous pouvons être frustrés.

Et c'est quand nous sommes le plus énervés et le plus curieux que nous sommes prêts à plonger face au danger et changer les choses.

Notre imagination est le berceau de nouveaux produits, de nouveaux services et même d'industries.

CONCLUSION



Je crois qu'à l'avenir, les emplois naîtront dans l'esprit des gens qu'on appelle aujourd'hui analystes et spécialistes, mais uniquement si on leur donne la liberté et la protection nécessaires pour qu'ils deviennent explorateurs et inventeurs.

Pour vraiment protéger nos emplois des robots, nous devons, en tant que leaders, nous abstenir de dire aux gens quoi faire, et plutôt leur demander quels sont les problèmes qu'ils souhaitent résoudre et les compétences qu'ils veulent mettre à profit.

Car quand on peut venir au travail le mercredi comme si c'était samedi, on se réjouit plus d'être lundi, et ce sentiment que nous avons à propos des lundis est aussi ce qui nous rend humains.

En repensant le travail pour une ère de machines intelligentes, je vous invite tous à travailler à mes côtés, pour apporter de l'humanité à nos vies professionnelles.

Merci.

SOURCES

CONTACTS

Illustrations
Malika Favre
www.malikafavre.com

Conférence
David Lee
www.heydavidlee.com

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